Quelles perspectives
pour la mobilité du travail dans l’UEM ?



Depuis le 1er janvier 1999, la création d’une Union Monétaire en Europe modifie profondément pour les États concernés les conditions d’exercice des politiques économiques. Ainsi, d’aucuns considèrent que la perte du levier monétaire - conféré à la Banque Centrale Européenne - et du taux de change - comme variable d’ajustement - s’accompagne de facto d’une perte d’autonomie des politiques budgétaires et fiscales nationales. Dans ces conditions, certains souhaiteraient que la mobilité de la main d’œuvre et la flexibilité des prix et des salaires à l’intérieur de la zone euro permettent d’absorber des chocs éventuels sur les économies des pays membres.

Deux phénomènes auraient pu laisser présager une augmentation de la mobilité intra-européenne des travailleurs. Il s’agit, tout d’abord, de l’accroissement considérable des flux d’investissement direct à l’étranger depuis une dizaine d’année. En France, ce flux a doublé en une décennie1. Il s’agit, ensuite, du processus de construction européenne. Dans le traité de Rome, la libre circulation des personnes s’affirme comme un corollaire obligé de la libre circulation des biens et services.

Pourtant, la mobilité intra-communautaire ne semble pas très dynamique : seulement 2% de la population active exercerait ou aurait exercé une activité dans un autre État membre que son pays d’origine2 .

D’une part, ce constat montre du doigt la faiblesse de la zone euro, c’est-à-dire sa non optimalité (I). D’autre part, il permet d’introduire les grandes questions politiques qui se posent en Europe (II).


I) Au regard de la théorie de Mundell, l’absence de mobilité de la main d’œuvre en Europe pose un problème économique certain.

On définit une zone monétaire optimale comme un espace économique qui a intérêt à construire un système de change fixe ou à posséder une monnaie unique plutôt que de multiples monnaies entretenant des taux de change variables3 (A).

Dans ces conditions, la création d’une Union économique et monétaire, comme en Europe, implique que l’on sache si les pays européens forment une zone monétaire optimale (B).


A - La démarche théorique de Mundell

Plusieurs critères sont retenus par l’analyse économique pour définir une zone monétaire optimale : la mobilité des facteurs4 , le degré d’ouverture des pays qui participent à la zone5 , le degré de diversification du tissu productif des pays6 et les préférences homogènes7. Le premier critère seul retiendra notre attention.

Pour Mundell, un groupe de pays a intérêt à participer à un système de change fixe si la mobilité des facteurs à l’intérieur de la zone qu’ils constituent est plus forte qu’à l’extérieur. Dans ce cas, si les prix et les salaires ne sont pas parfaitement flexibles, la mobilité des facteurs, et plus particulièrement celle du facteur travail, peut constituer un substitut à la flexibilité des taux de change pour résorber le chômage dans un pays touché par un choc asymétrique8 .

Mundell développe un cas de figure dans lequel sont considérés deux pays (1 et 2) qui décident de former une Union monétaire. On suppose que, pour une raison exogène, la demande du pays 1 se tourne vers les produits du pays 2.

La mobilité de la main d’œuvre est indispensable si les prix et les salaires sont rigides. En effet, on observe un sous-emploi dans le pays 1, une augmentation du chômage et un déficit extérieur. A l’inverse, le pays 2 verra sa position s’améliorer : ses capacités de production sont utilisées de façon plus efficace, le taux de chômage diminue et il peut dégager un excédent extérieur9. Aussi l’équilibre macroéconomique ne pourra-t-il être rétabli sans variation du taux de change entre les deux monnaies que si les facteurs de production sont suffisamment mobiles pour se déplacer du pays 1 vers le pays 2. Dans ce cas, les migrations de travailleurs de 1 vers 2 permettront de diminuer l’excès d’offre de travail dans le pays 1 et donc d’y réduire le chômage. Elles permettront, en outre, de contenir les pressions à la hausse sur les salaires dans le pays 2 du fait de la réduction de l’excès de demande de travail.

Enfin, s’il y a rigidité des marchés du travail, les deux pays résoudront le problème d’ajustement de façon beaucoup plus délicate. Il s’agirait pour les autorités du pays 2 d’augmenter leur taux d’imposition de façon à réduire l’excès de demande domestique. Les revenus des impôts seraient transférés vers le pays 1, où ils seraient dépensés. Le pays 1 conserverait un déficit mais qui serait financé par le pays 2. Cependant, ce type de solution pose des problèmes lorsqu’il s’agit de les appliquer à des États souverains10 . Mais il est couramment utilisé entre les différentes régions d’un même État, ou entre différents États fédérés11 .

En résumé, Mundell considère qu’une Union Monétaire entre deux pays est optimale si les chocs asymétriques sont rares et de faibles ampleur et si les marchés de travail sont assez flexibles. A ce niveau d’analyse, on serait tenté de conclure que l’Union Européenne ne constitue pas une Zone Monétaire Optimale et que l’Union Économique et Monétaire n’est pas une bonne solution pour ses États membres.


B - Les observations empiriques

Les observations empiriques et les études menées par les économistes en viennent à une même conclusion : l’Europe est en retard pour la mobilité12 . De Grauwe et Vanhaverbeke, par exemple, ont mis en lumière une mobilité inter-régionale de la main d’œuvre comparativement beaucoup plus élevée au nord de l’Europe (Allemagne, France, Royaume Uni) que dans les pays du Sud13 (Espagne, Italie).

Les chiffres parlent d’eux même : en 1998, seul le Luxembourg, pays négligeable car de taille réduite, comptait 30% de ressortissants communautaires dans sa population totale. Le pays qui se classe immédiatement après, la Belgique, n’en compte plus que 4,7 % ! En bas de l’échelle, on trouve, logiquement, les pays les plus pauvres : l’Italie (0,1%), la Grèce (0,2%), le Portugal (0,3%) et l’Espagne (0,3%). Quant à la France, traditionnelle terre d’accueil, sa position est très légèrement supérieure à la médiane puisqu’elle compte 2% de ressortissants communautaires dans sa population totale, ce qui représente 33,8% de sa population étrangère totale.

Il ressort d’une autre étude14 que les mouvements migratoires ne sont déterminés par les seules questions économiques. Ainsi, quelques relations privilégiées - entre la Suède et la Finlande, l’Autriche et l’Allemagne, la France et le Portugal - peuvent aussi s’expliquer par des raisons culturelles, linguistiques et géographiques.
En 1997, sur 100 ressortissants communautaires qui entraient en Suède, 39,7% venaient de Finlande. Inversement, en Finlande, 48,3% des ressortissants communautaires étaient Suédois. En Autriche, pour la même année, 51% des ressortissants étaient Allemands. Enfin, une forte relation s’observe entre la France et le Portugal dans la mesure où 36,4% des ressortissants communautaires entrant en France étaient Portugais.
Si la mobilité de la main d’œuvre était parfaite, économiquement parlant, de telles relations privilégiées ne verraient pas le jour. Les migrants ne rechercheraient que la prospérité économique, la quantité d’emploi disponible, et n’accorderaient que peu d’importance aux questions linguistiques, culturelles, géographiques, voire historiques.

Ces chiffres font penser à ceux relatifs aux questions de citoyenneté européenne. De nombreuses études montrent que la citoyenneté européenne n’existe pas dans la réalité. En effet, depuis le traité de Maastricht, les ressortissants communautaires ont le droit de voter aux élections locales et européennes dans les pays d’accueil de l’Union. Or, ce droit de vote est très faiblement exercé. Cela nous fera dire que les régions, en Europe, restent des cellules naturelles de travail et que les nations continuent à jouer un rôle identitaire important, un cadre d’expression de la démocratie. A ce sujet, l’Union européenne n’a rien à voir avec les États-Unis.

En matière de mobilité, par exemple, le retard européen est net par rapport au continent américain. La mobilité y joue un rôle très important. Pour s’en convaincre, il suffit de reprendre l’étude, très parlante, de Blanchard et Katz qui ont cherché à savoir comment les États américains s’ajustent à un choc adverse sur l’emploi. En raisonnant en nombre de travailleurs, ils estiment qu’un choc non entretenu de -1 sur la demande du travail se traduit dès la première année par une aggravation du chômage de 0,3, une diminution du taux d’activité de 0,05 et une émigration nette de 0,65. Au bout de sept ans, le choc initial a été entièrement absorbé par l’émigration nette, les taux de chômage et d’activité étant retenus à leur niveau antérieur au choc. La mobilité de la main d’œuvre jouerait donc un rôle fondamental dans la résorption des déséquilibres sur le marché du travail aux Etats-Unis15 .
En prolongeant cette approche, Decressin et Fatas16 ont montré qu’en Europe, l’ajustement passerait par une variation du taux d’activité. Ces deux auteurs ont vérifié, par ailleurs, que le faible rôle des migrations en Europe n’est pas seulement lié aux barrières linguistiques et culturelles, mais qu’il prévaut aussi à l’intérieur des frontières nationales.

Ceci étant, il n’est pas possible d’imaginer une Union monétaire dans laquelle l’emploi deviendrait la seule variable d’ajustement. S’il est certain que, dans une échelle de valeur anglo-saxonne, le chômage est un mal absolu et qu’en Europe, il est préféré aux grandes migrations, on ne peut concevoir une Union durable sans révoltes populaires. En cas de récession, de chocs asymétriques prolongés, la situation politique dans certains pays ne sera plus tenable. Le risque d’éclatement pourra alors être grand.

Ainsi, la question économique de la mobilité de la main d’œuvre ne va pas sans poser de grandes questions politiques.



II) De la capacité des États membres à relever le défi économique de la non optimalité de la zone euro dépendra la réussite d’une Union politique.

Si la libre circulation des personnes, qui constituait l’un des objectifs premiers de la Communauté, est une réussite en matière de déplacements à court terme, elle est loin de l’être en matière de déplacements à long terme. Autrement dit, la réussite touristique n’est ni économique ni politique.

Aussi le problème de la non optimalité de la zone euro continue-t-il de se poser. Seules de grandes réformes, révélant une réelle volonté de vivre ensemble au niveau continental, pourront venir au secours de la zone euro.

Deux grands domaines de réformes nous semblent envisageables. En effet, soit on considère que la mobilité de la main d’œuvre est un remède efficace et que l’homme doit aller chercher le travail là où il se trouve, soit on imagine un système dynamique grâce auquel le travail reviendrait à l’homme. En d’autres termes, il s’agit soit de concentrer les efforts politiques au niveau des obstacles à une mobilité accrue (A), soit de mettre en oeuvre un système de redistribution, un fédéralisme budgétaire qui rendrait plus supportable les chocs asymétriques (B).


A - Des réformes pour améliorer la mobilité internationale du travail

Les obstacles institutionnels ne sont pas insurmontables. Pour preuve, en matière de régime social, le règlement CEE n°1612/68 qui instaure formellement la libre circulation de la main d’œuvre a été complété par le règlement (CEE) n°1408/71, qui garantit l’égalité de la couverture entre les ressortissants du pays et les étrangers citoyens de la CEE17.

D’autres efforts sont à faire.
Tout d’abord, en matière de régime fiscal des travailleurs transfrontaliers, qui sont soumis à deux régimes fiscaux - celui du pays de résidence et celui du pays d’emploi -, la logique voudrait que l’on retienne le pays de résidence comme le pays de taxation.
Dans la fonction publique, ensuite, la Commission s’efforce de limiter la logique de préférence nationale en la confinant à “l’exercice des pouvoirs souverains”.
En matière de qualification professionnelle, enfin, de plus grands efforts devraient être faits pour une reconnaissance mutuelle à l’échelle européenne du plus grand nombre possible de qualifications.

En ce qui concerne la situation française, un rapport adopté par l’Assemblée générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris18 fait un constat et propose des solutions. Il estime que, vecteur d’internationalisation des entreprises françaises, l’expatriation n’est pas toujours utilisée par ces dernières, soit par manque d’information, soit par manque de souplesse du dispositif et, toujours, du fait des problèmes logistiques qu’elle pose aux petites structures. Pour relancer la mobilité internationale du travail, le rapport propose plusieurs actions pour faire évoluer les mentalités. Parmi les mesures phare préconisées, on en relèvera quelques-unes. Pour faciliter les flux d’impatriation, il est conseillé d’attirer un plus grand nombre d’étudiants étrangers dans les écoles et les universités françaises et d’adapter les dispositions applicables aux salariés impatriés19. Inversement, pour encourager l’expatriation des jeunes diplômés, le rapport suggère, entre autre, de maintenir l’exemption de sécurité sociale pour les entreprises expatriant des jeunes et de rendre compatibles et plus homogènes les formations de l’enseignement supérieur français avec celles dispensées dans les autres pays. Enfin, des mesures sont proposées pour renforcer les dispositions en matière sociale comme l’octroie d’une exonération des charges patronales, même limitée dans le temps, pour faciliter la réinsertion, au siège de l’entreprise, des expatriés à leur retour.

Certes, la plupart des mesures préconisées s’adressent à des personnes qui travaillent20 . Ceci étant, on ne peut contester le fait que ces mesures permettraient un changement de mentalité professionnelle et favoriseraient le réflexe “migration” en période de chômage.

Cependant, les procédures d’harmonisation restent lentes et que le fort degré de protection sociale21 qui prévaut dans de nombreux États de la Communauté pourrait limiter la mobilité. Au final, certains avancent que le rééquilibrage régional devrait passer par la voie des mouvements de capitaux. En effet, ceux-ci pourraient désormais se substituer à la mobilité du facteur travail, à condition toutefois que la flexibilité des salaires soit suffisante pour rendre attractive les régions déprimées.

Mais, là encore, les difficultés restent nombreuses dans la mesure où des tests empiriques sur la flexibilité des salaires donnent des résultats différents selon les pays22 . Les marchés du travail italien et allemand sont caractérisés par une réponse rapide et relativement importante des salaires aux fluctuations économiques. A l’opposé, au Royaume Uni, au Danemark, aux Pays-Bas et en Suède, les salaires sont marqués par une grande inertie. Dans ces pays, l’évolution du taux de chômage n’a pas d’impact statistiquement significatif sur l’évolution des salaires ; en particulier, la baisse du chômage ne s’accompagne pas d’une hausse du salaire moyen23 .

Ainsi, on le voit, la mise en place de réformes visant à encourager la mobilité du travail peut s’avérer extrêmement complexe. Elle serait surtout motivée par des principes économiques très libéraux de flexibilité et de mobilité, principes que ne partagent pas toujours les principaux intéressés.


B - Des réformes motivées par une logique différente : le fédéralisme budgétaire européen.

Beaucoup de chiffres montrent que les potentiels migrants préfèrent rester chez eux. Ainsi, il est montré qu’en Allemagne, les salariés parcourent chaque jour des distances considérables pour se rendre à leur travail. Nombreux sont ceux qui ont préféré conserver leur domicile en Allemagne de l’Est après la réunification. Preuve, s’il en était besoin, que l’homme est attaché à ses racines et qu’il subit, la plupart du temps, les migrations “économiques” que lui impose la conjoncture.

Le fédéralisme budgétaire est un mécanisme qui permettrait d’attacher moins d’importance aux problèmes de mobilité du travail puisqu’il la rendrait moins nécessaire. En effet, un tel mécanisme permettrait une solidarité accrue entre régions aux conjonctures différentes ; il atténuerait les effets liés à la récession d’un côté (chômage) et ceux liés à une forte croissance de l’autre (inflation).

D’une manière générale, faire confiance à la mobilité du travail, c’est accepter le libéralisme poussé jusqu’à son paroxysme, l’homme perdant sa liberté de s’établire où il le souhaite. Espérer le fédéralisme budgétaire européen, c’est montrer son attachement à l’aménagement du territoire. C’est le rétablissement de la primauté du politique sur l’économique.

Aux États-Unis, des chocs affectent les États de manière différenciée, notamment lorsque leurs spécialisations se développent. Selon une Étude de la Banque Fédérale de réserve de Boston24 , cinq ou six grandes régions constituent des zones monétaires optimales à l’intérieur même des Etats-Unis25. Pourtant, bien que n’étant pas une zone monétaire optimale, les États-Unis ont pu conserver une seule monnaie depuis plus d’un siècle. S’ils ont pu le faire sans trop de dommage, c’est surtout parce qu’ils ont bénéficié de mécanismes compensatoires de redistribution fiscale. La mobilité de la main d’œuvre arrive en deuxième position.

Les transferts quasi automatiques induits par l’impôt fédéral servent en quelque sorte d’assurance aux États membres en redistribuant les recettes provenant des États prospères vers les États les moins favorisés par la conjoncture. Sala-i-Martin et Sachs26 chiffrent l’ampleur de ce mécanisme. Ils trouvent qu’en moyenne, pour un dollar de revenu perdu, un État américain voit diminuer le prélèvement fiscal de 33 à 35 cents environ, tandis que les transferts fédéraux qu’il reçoit augmentent d’une valeur comprise entre 2 et 5 cents, autour d’une moyenne de 3 cents27 . Ce qui rend les chocs différentiels plus supportables pour chacun des États de l’Union.

Certes, la mobilité du travail joue un rôle dans la résorption des chocs régionaux. Mais il convient de ne pas perdre de vue que c’est surtout l’existence d’un système fiscal commun qui permet de maintenir un taux de change irrévocablement fixe entre plusieurs États qui ne constituent pas ensemble une zone monétaire optimale.

Pour l’instant, il existe, en Europe, un prélèvement fiscal européen, mais son ampleur est négligeable. Selon le calcul des auteurs, une récession de un dollar dans un des pays de la CEE ne diminuera le prélèvement fiscal européen de ce pays que d’un demi-cent en moyenne, contre trente-quatre aux États-Unis.

Mais le fédéralisme budgétaire est-il possible ? Là est la question majeure. Le récent sommet de Nice a débouché sur un traité peu ambitieux, les grands choix sur la réforme des institutions ayant été esquivés ou reportés28 . Tous les commentaires se sont accordés à dire que les nations étaient les grandes gagnantes de ce sommet : les négociateurs belges ont tenu tête à la présidence française, l’Espagne estime avoir bien tiré son épingle du jeu concernant son poids politique au Conseil européen et les fonds structurels... Il semble que les nations ont de beaux jours devant elles et que le Super État européen que certains appellent de leurs vœux n’est pas prêt de naître. Pourtant, comme le rappelle Jean-Jacques Rosa29 , on constatera rapidement, en cas de désaccord, la difficulté qu’il y a pour plusieurs États souverains de gérer en commun une seule monnaie30 .

Il y a un mécanisme menant aux réformes qui est implacable : il nous est imposé par la non-optimalité monétaire de l’a zone euro. Soit les réformes seront inspirées des principes de flexibilité et de mobilité, soit des principes de péréquation et de redistribution. Il parait plus que difficile de mener les deux de front.

La situation est telle qu’on ne s’avance pas beaucoup en affirmant que la réussite d’une Union politique dépendra de la capacité des États membres à relever le défi économique de la non optimalité de la zone euro.

Quoi qu’il en soit, on comprend mieux pourquoi, aux États-Unis, le processus de centralisation monétaire ne s’est produit que lentement et tardivement31 . Ce qui montre à la fois une certaine prudence des autorités monétaires et la difficulté probable de la tâche unificatrice... Les bâtisseurs du projet monétaire européen auraient gagné à s’inspirer de cette méthode.




Bibliographie


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CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE PARIS - Pour une amélioration de la mobilité internationale du travail : encourager les flux d’expatriation et d’impatriation. Rapport présenté par Madame Élisabeth Hervier au nom de la Commission du Commerce International et adopté par l’Assemblée Générale du 15 avril 1999

KAUFFMANN (P.) - L’Euro, Paris, Dunod, 1997

MANTEL (S.) - Quelles perspectives pour la mobilité du travail dans l’UEM ? in Économie et Statistique n°262-263, 1993. PP. 111 à 121.

McKINNON (R-I.) - Optimum currency areas (1963), in American Economic Review, 53

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OCDE - Les grandes tendances des migrations internationales, 2001

ROSA (JJ) - Volte-face en série in Le Figaro Économie du 14 janvier 2000, Page XI




Notes


1 Pour 1997, le montant des flux d’investissement direct français à l’étranger s’élevait à 182 milliards de francs.

2 Source : Europe. Relevé par le rapport CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE PARIS - Pour une amélioration de la mobilité internationale du travail : encourager les flux d’expatriation et d’impatriation. Rapport présenté par Madame Élisabeth Hervier au nom de la Commission du Commerce International et adopté par l’Assemblée Générale du 15 avril 1999. Page 6

3 KAUFFMANN (P.) - L’Euro ; Paris, Dunod, 1997. Page 24.

4 MUNDELL (R.) - A theory of optimum currency areas (1961), in American Economic Review, 51, pp. 657-65

5 McKINNON (R-I.) - Optimum currency areas (1963), in American Economic Review, 53.
Le degré d’ouverture d’une économie est mesuré par la proportion des biens dits échangeables dans la production totale de cette économie.

6 KENEN (P.) - The theory of optimum currency areas : an eclectic view (1969), dans MUNDELL (R.) et SWOBODA (A.) - Monetary Problems of the international economy, Chicago University Press.

7 Il s’agit du critère d’optimalité le plus récent développé entre autre par Cooper (1977) ou Kindleberger (1986). Pour ces auteurs, une Union Monétaire est avant tout un “bien collectif” qui suppose pour fonctionner que les objectifs de politique économique des différents gouvernements convergent, notamment en matière d’inflation.

8 Un choc asymétrique est un choc dont les conséquences ne sont pas similaires dans tous les États membres et qui est donc susceptible d’appeler des réponses différentes. Simuler un choc asymétrique permet de déterminer si la flexibilité est suffisante pour constituer une source d’ajustement susceptible de compenser la perte d’autonomie des politiques conjoncturelles.

9 Si l’offre est insuffisante dans le pays 2 pour faire face au surcroît de demande, il peut se développer des tensions inflationnistes.

10 Nous reviendrons à cette question par la suite

11 Aux États-Unis notamment

12 Généralement, quatre explications sont données : 1) L’existence de barrières culturelles et linguistiques, 2) L’existence de facteurs institutionnels liés à la reconnaissance des diplômes ou la transférabilité des droits sociaux quand on change de pays de résidence, 3) La situation de l’emploi en Europe car la décision de migrer dépend à la fois de la situation dans le pays d’origine et dans celle du pays d’accueil, 4) La convergence des économies européennes pendant les trente glorieuses en termes de revenu par habitant, ce qui réduit aujourd’hui l’incitation à migrer.

13 Selon les critères de Mundell, le fait que ces pays cumulent une mobilité particulièrement faible avec un retard de développement et des problèmes de convergence s’interprète comme une caractéristique préoccupante.

14 Eurostat, base de données New Cronos in OCDE- Les grandes tendances des migrations internationales, 2001, Page 35

15 BLANCHARD (O.) et KATZ (L.) - Regional evolution, Brookings Papers on Economic Activity, n°1, 1992. Dans ce papier, en extrapolant leurs résultats au cas de l’UEM, Blanchard et Katz suggèrent que l’ajustement pourrait être plus complexe dans l’Europe en Union monétaire, du fait d’une mobilité du travail plus faible causée, selon eux, par des barrières linguistiques et culturelles.

16 Refs

17 Cf. annexe 1 sur le régime social actuel des expatriés.

18 CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE PARIS - Pour une amélioration de la mobilité internationale du travail : encourager les flux d’expatriation et d’impatriation. Rapport présenté par Madame Élisabeth Hervier au nom de la Commission du Commerce International et adopté par l’Assemblée Générale du 15 avril 1999.

19 Extension du régime d’exonération des salariés des quartiers généraux aux impatriés, permis de séjour accordés de façon plus souple.

20 Pour le détail des suggestions, se reporter à l’annexe 2.

21 Notamment en cas de chômage et en comparaison des États-Unis.

22 Pour tester la sensibilité des salaires aux tensions sur le marché, on peut estimer des équations de salaires, par exemple en fréquence trimestrielle, pour un échantillon de huit pays : Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Pays-bas, Suède, Danemark et Finlande. Ces estimations portent sur les années 90, juste avant la mise en place de l’euro. Les équations de salaires sont dérivées du modèle WS popularisé par Layard, Nickel et Jackman. A court terme, les variations du taux de salaire sont reliées aux variations des prix à la production, de la productivité du travail, du rapport entre les prix à la consommation et à la production, et du taux de chômage. A plus log terme, le taux de salire est supposé parfaitement indexé sur la productivité apparente du travail et peut également être sensible au niveau de chômage. La vitesse à laquelle les effets de long terme se font sentir est un dernier paramètre du modèle. Afin de comparer la formation des salaires entre pays européens, les estimations ont été réalisées de manière simultanée dans tous les pays de l’échantillon.

23 Cf. annexe 3

24 Refs

25 L’auteur de l’article, Geoffrey Tootell, Au regard de la divergence des conjonctures régionales, les zones monétaires analysées sont : le Far West (Californie, Oregon), le Sud-Est, les États agricole de la “Farm Belt” (Nord-Ouest), les États industriels du Midwest, les États atlantiques du Sud-Est et la Nouvelle Angleterre. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la division du Système Fédéral de Réserve en onze districts bancaires correspond d’assez près à ces zones optimales.

26 Refs

27 Au total, le revenu après fiscalité d’un État en récession ne baisse plus que de 62 cents en moyenne pour tout dollar de production perdu.

28 Les résultats sont faibles : une nouvelle répartition des votes au Conseil compliquée, une Commission qui s’annonce pléthorique, un passage au vote à la majorité qualifiée sur des sujets sans enjeux

29 ROSA (JJ) - Volte-face en série in Le Figaro Économie du 14 janvier 2000, Page XI

30 En effet, nous pouvons connaître un jour où les calendriers électoraux ne seront plus synchrones et où des chocs imprévus induiront une conjoncture en opposition de phase de part et d’autre du Rhin. La politique monétaire unique s’avérera de nouveau inférieure aux gestions nationales “sur-mesure” et le besoin d’un pouvoir central européen se fera sentir.

31 Le système de la réserve fédérale, la banque centrale des banques centrales, n’a été établi qu’à la veille de la Première Guerre Mondiale, soit plus d’un siècle après la fondation de l’Union.