Cercle Saint-Just

MANIFESTE DU CERCLE SAINT-JUST


Depuis quelques années, les élections ne cessent de le démontrer, le traditionnel clivage gauche-droite est en décomposition. Il n'y a plus que le mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours qui le maintient artificiellement en vie. La vie politique de tous les jours est digne d'un théâtre d'ombres : sur le fond - Maastricht, Kosovo -, on s'accorde ; sur la forme, on simule le désaccord -  ouverture de capital contre privatisation  -. Seule une minorité de nos concitoyens continue de faire confiance à des partis rongés par les scandales et dont l'incapacité à se réapproprier les outils de la politique n'est hélas plus à démontrer.

Tout se passe comme si, en plus de ne pas savoir ou il va, notre pays ne savait pas qui il était. Ainsi, il assiste, passivement, au déshabillage de l'État colbertiste, au discrédit des valeurs républicaines. Ainsi, il abandonne son Plan et refuse toute stratégie industrielle, diplomatique et culturelle spécifique. Aussi accepte-t-il, sans broncher, le terme de puissance moyenne, cher à l'un de ses anciens Présidents.

Issus d'horizons divers, nous refusons cet état de fait. Nous refusons les politiques de renoncement qui, depuis plus de vingt ans, caractérisent la "gouvernance plurielle" de gauche et de droite. Nous savons qu'il existe un fossé considérable entre le potentiel culturel, social ou économique de la France et la réalité médiocre de ses performances collectives.

Nous souhaitons que la France retrouve sa personnalité républicaine. Qu'elle retrouve l'égalité qui, de plus en plus, cède du terrain au concept d'équité, ce principe charitable qui donne bonne conscience aux élites fatalistes. Qu'elle retrouve l'égalité des chances, mais aussi, et surtout, l'égalité dans les conditions d'exercice de la citoyenneté : l'égalité devant la loi, devant l'impôt, devant le service public, devant la santé, devant la retraite, devant l'emploi. Qu'elle retrouve l'unité, cette certaine idée de la nation allant à l'encontre des ghettos, des apartheids culturels, ethniques et religieux. Qu'elle retrouve pour cela son État, seul garant de l'intérêt général et de la solidarité nationale.

Pour cet État, nous voulons une stratégie claire. Nul ne peut avancer s'il ne s'appuie sur des valeurs et n'est mû par une certaine vision de son avenir, une ambition à réaliser, un rêve à accomplir. Si l'État, engagé dans sa réforme depuis des lustres, ne se donne pas un horizon volontaire pour classer ses aspirations, ordonner ses priorités, engager efficacement ses actions, il sera freiné par ses contradictions et submergé par ses difficultés.

C'est donc le retour de la politique que nous appelons de nos vœux. Une politique nouvelle, menée par une génération vertueuse, altruiste, s'opposant aux corrompus et privilégiés des nouvelles féodalités. Une politique qui ne démissionne pas devant les autorités indépendantes de tous genres, qui ne s'agenouille pas devant les dogmes néo-libéraux et monétaristes d'une Europe a-démocratique et féodale. Une volonté.

En nous ressourçant à l'origine de l'histoire de notre République, pour rechercher la "perfection du bonheur" que prophétisait déjà Saint-Just, nous voulons tourner la page. Refuser le mouvement pour le mouvement et clamer haut et fort : "Notre progrès est l'égalité, notre modernité est la République".


Les membres fondateur :  Gaël BRUSTIER, François DEVOUCOUX  du BUYSSON, Dominique COUTHON, Christine MARCO-GUILLOUX, Thomas LIEBAULT, Margarita MODRONO ZIN EL ABIDINE, Laurent PELVEY, Claude ROCHET, Gaëtan de ROYER DUPRE, Yohan SENEZ.